La fin de l'abondance by John Michael Greer

Auteur:John Michael Greer [Greer, John Michael]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai
Éditeur: Écosociété
Publié: 2013-03-05T23:00:00+00:00

Une crise de concentration

Déterminer la quantité de travail qu’une source d’énergie donnée peut fournir en fonction de sa concentration est de la thermodynamique élémentaire, celle que chaque étudiant du secondaire aux États-Unis apprenait dans la classe de physique à cette époque révolue où les high schools avaient des classes de physique dignes de ce nom. Malgré tout, ce sont les habitudes de penser devenues automatiques après des décennies de carburants fossiles abondants qui rendent les implications des principes en jeu si difficiles à saisir. Pour les populations du monde industrialisé, les conséquences de l’application des principes de concentration sont contraires à l’intuition ; bien des gens passent à côté et, en conséquence, tâtonnent dans leurs prédictions.

La cacophonie actuelle concernant l’aspect anthropogénique du changement climatique en est un bon exemple. Des piles de papier ont été accumulées sur la question par les machines de propagande de toutes les parties, mais en dessous d’elles se trouve une évidence plutôt bien documentée : nous sommes au milieu d’un changement significatif du climat concentré sur la région polaire nordique du globe. Les causes de ce changement sont loin d’être entièrement établies, mais il semble idiot de maintenir, comme le font certains, que le déversement de millions de tonnes de gaz à effet de serre dans l’atmosphère par l’humanité n’y est pour rien ou, encore mieux, qu’il est souhaitable de continuer à déverser ces gaz dans un système atmosphérique qui serait devenu dangereusement instable par lui-même.

Et pourtant, cette pratique risque de demeurer courante autour du monde pour au moins la prochaine décennie car, entre autres, les activistes des changements climatiques sont devenus leurs propres pires ennemis en nommant la crise « réchauffement climatique ». Cela semble logique puisque nous parlons d’une augmentation de la chaleur dans l’atmosphère terrestre, mais la fixation sur la quantité passe, ici aussi, à côté de la question essentielle.

Thomas Friedman a frappé dans le mille en observant, dans son livre Hot, Flat, and Crowded, que nous ne faisons pas tant face à un réchauffement climatique qu’à un chaos climatique : pas tant à une hausse linéaire de la température qu’à une augmentation d’événements météorologiques inattendus de toutes sortes45. Quand l’atmosphère se réchauffe, l’effet le plus important n’est pas l’augmentation de la température moyenne, mais la hausse de la différence de concentration d’énergie entre l’atmosphère et les océans. Les propriétés thermiques de l’eau font qu’elle se réchauffe plus lentement que l’air et les masses terrestres. Ainsi, un changement même léger dans la quantité de chaleur globale entraîne un changement bien plus grand dans la capacité de l’atmosphère à effectuer son travail, qu’on appelle la météo, puisque, encore une fois, c’est la différence de concentration entre la source et l’environnement qui compte.

Du point de vue d’un physicien, l’atmosphère est un engin titanesque qui utilise la différence de température entre le rayonnement solaire et l’espace intersidéral pour pomper autour de la planète des masses gigantesques d’air et de vapeur d’eau. Mieux l’engin est isolé (l’effet de serre étant simplement, pour la physique, une façon

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